Les
chênes qu'on abat. D'abord, Jean (je me souviens plus de son nom),
bucheron dans l'Ariège, est venu vers le début du mois de mai 2001 pour
faire tomber les chênes qui se trouvent à l'emplacement de la maison.
L'emplacement de la maison ? Repéré avec le plan de masse et un
décamètre.
C'est le matin de bonne heure. J'entends des chiens aboyer dans le bas
du terrain. Jean, qui n'est pas de la ville, me dit que ce ne sont pas
des chiens mais des chevreuils. Il me met une bombe de peinture dans
les mains et me demande de marquer les arbres que je veux faire tomber.
Je fais une croix sur ceux dont je suis sûr qu'ils doivent être
abattus. Ceux qui sont juste en limite, je viens de décider de ne pas
les faire tomber.
Je fini à peine de marquer les arbres que vroom vroom la tronçonneuse
est en marche et que "on s'écarte", boum le premier chêne tombe. On
lève la tête, y'a un bruit de feuilles et puis ca fait un bruit sec sur
le sol. Voilà.
Jean le bûcheron a bûché et fait tomber les arbres selon un plan qui
m'échappe complètement. Il me dit, celui-la je le fais tomber là, et
l'arbre tombe là et pas à côté. C'est pas un bûcheron d'occasion.
Malgré la pente (+ de 20%), malgré la hauteur des arbres (12 à 15m),
pas un arbre qui tombe n'abîmera un arbre qu'on garde.
A la fin, c'est un peu sport : il reste deux beaux arbres qui veulent
absolument tomber vers la pente. Mais il faut pas. Thierry la Fronde
sort une corde de montagne, met un bout de bois à l'extrémité, lance
plusieurs fois son truc dans les arbres, le harpon se coince dans une
branche, et vas-y que je tire sur la corde, et vas-y que je me suspends
moi aussi jusqu'à ce que l'arbre, oups, bascule enfin vers nous et là
il faut vite courir pour pas le prendre sur la gueule. On s'amuse mieux
qu'à la fête foraine.
Après, le bûcheron commence à me débiter les arbres nickel, il manie sa
tronçonneuse comme une raquette de tenis, et sur le coup de midi on va
manger au resto du patelin. Apéro, plat du jour, bon ap'.
C'est au pied du mur qu'on ne voit pas le maçon.
Malgré une première réunion de chantier où il
n'avait rien dit, le maçon (qui devait positionner les plots de béton
sur lesquels doivent reposer les pilotis) prend peur. Au téléphone, il
me dit "j'ai peur de me tromper". L'archi : mais non, faut pas avoir
peur monsieur X, c'est très facile. Serge, dis-lui que c'est vraiment
facile. Et moi, je vais chez le maçon pour lui dire que c'est facile,
et à chaque fois il a perdu les plans, et au bout de quelques jours on
fait une consommation de plans importante mais le type tourne toujours
les pages comme un écolier qui sait pas faire le problème. On va sur le
terrain et c'est le choeur des pleureuses : et vous comprenez avec une
maison comme ça il ne faut pas se tromper, et puis la pente, et puis
les arbres, ah mais les arbres qu'est-ce qu'on fait des racines...
Après d'autres palabres et d'autres consommations de plans, 48H avant
que les travaux commencent, mon portable sonne dans la voiture juste
avant d'arriver chez moi dans le quartier St Michel à Toulouse.
Oui-allô-monsieur-Larrieu-je-suis-désolé
mais-je-peux-pas-faire-votre-chantier-vous-comprenez-j'aipeurdemetromper.
Merde, j'ai pris la rue Ste Catherine alors qu'il y avait un panneau
interdit travaux et je me retrouve coincé comme un con avec mon
portable à la main en train de dire que c'est facile et les mecs qui
font les travaux rue Ste Catherine me disent qu'il faut pas téléphoner
en voiture... Et merde, vous faites chier avec vos travaux à la con !
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